Les Spin Doctors.

Publié le par Fraid

Source : L'Express du 24/07/2003 / Affaire David Kelly.

 
Blair perd la guerre de l'intox, par Jean-Michel Demetz.
 
 
" La mort du scientifique David Kelly embarrasse le Premier ministre britannique. Et souligne le rôle souvent trouble des hommes de l'ombre chargés de la communication du 10 Downing Street.
 
[…]
 
Ce spécialiste des armes chimiques, ancien inspecteur pour l'ONU en Irak, décédé la semaine dernière, était apparu, quelques jours auparavant, comme la principale source d'informations d'un reportage d'un journaliste de la BBC accusant le gouvernement de Tony Blair d'avoir exagéré, sur des points précis, la menace irakienne.
 
[...] 
 
Depuis la victoire du New Labour aux élections de 1997, la garde rapprochée de Tony Blair a, en effet, mis en place un appareil de communication parallèle, sans équivalent dans les démocraties européennes, qui tente d'orchestrer un contrôle de l'opinion publique.Sortis des meilleures universités, ces «conseillers spéciaux» (dont le nombre a doublé depuis 1997; rien qu'au 10 Downing Street ils sont passés de 6 à 27), souvent des trentenaires, sont beaucoup mieux payés que les hauts fonctionnaires du royaume, sur lesquels ils ont pris le pas. L'ancien conseiller du chancelier de l'Echiquier touchait ainsi un salaire équivalent à celui du Premier ministre.
 
Ce réseau de spécialistes de la manipulation, de spin doctors, a pour mission de prévenir les attaques, d'orienter la hiérarchisation des sujets aux journaux télévisés du soir, de neutraliser les crises et les scandales, de ciseler les «petites phrases» qui assureront la Une des tabloïds, de démolir l'opposition. Ils justifient leur rôle par l'âpreté particulière des médias d'outre-Manche, plus enclins à mordre qu'à flatter et guidés par une concurrence exacerbée qui représente, à en croire les hommes de Blair, plus un risque de déstabilisation qu'une saine garantie d'un contre-pouvoir démocratique.
 
A l'évidence, ils en font trop. Sous peine de voir saper leur crédibilité. Ainsi, en février dernier, quand, invoquant le danger d'attentats contre des avions de ligne, les autorités déploient des blindés à l'aéroport de Heathrow, beaucoup se demandent si ce n'est pas un coup des spin doctors pour influencer un public opposé à la guerre en Irak.
 
 
 
Théoricien de cette communication politique et chef de cette caste, Alastair Campbell est paré par la plupart des journalistes britanniques de tous les vices. Officiellement, il est directeur de la stratégie et de la communication du gouvernement et veut établir un contact direct avec l'opinion, sans le filtre des médias. En réalité, il apparaît à beaucoup comme un «vice-Premier ministre»: porte- flingue de Blair, il fait feu sur les ministres contestataires, appelle les rédacteurs en chef pour «corriger les informations inexactes» - entendez celles qui lui déplaisent - s'assure de la neutralité bienveillante du magnat conservateur de la presse, l'Australo-Américain Rupert Murdoch. Il déciderait même du calendrier gouvernemental. Cet ancien journaliste du Daily Mirror, au charme brutal, est, en tout cas, sans conteste, l'un des hommes auxquels Tony Blair doit son ascension.
 
Le mois dernier, il comparaissait devant la commission des Affaires étrangères du Parlement pour répondre à la double accusation de la BBC : celle d'avoir rendu plus «sexy» (sic) un rapport des services de renseignement sur la menace des armes de destruction massive irakiennes en y faisant figurer, contre l'avis des experts, la précision selon laquelle Bagdad pouvait mobiliser ces armes en quarante-cinq minutes - ce qu'il nie; et celle d'avoir bricolé un dossier d'accusation à l'encontre du régime de Saddam à partir d'éléments puisés çà et là, notamment dans une ancienne thèse de doctorat allègrement plagiée. On lui reproche, aujourd'hui, d'avoir laissé filtrer le nom de David Kelly en vue de déstabiliser ce dernier et surtout de détourner le débat sur la légitimité de la guerre d'Irak.
 
[…]
 
 «Dans quelles conditions sommes-nous entrés en guerre contre l'Irak?» interroge l'ancienne ministre démissionnaire Clare Short. C'est la question à laquelle les Britanniques voudraient désormais obtenir une réponse satisfaisante ». "
 
Fin de l’article.
 
 
Voilà pour les coulisses de notre cher et tendre  "20 heures" présenté par Claire Chazal !
Alors, même si on le savait déjà, lorsqu'il se produit des évènement avec des enjeux majeurs à la clé, enjeux politiques ou économiques, ce qui parvient à nos yeux et nos oreilles est commplètement déformé, voire monté de toute pièce (exemple : les tanks dans l'aéroport).
 
Ya plus qu'à se tourner vers la presse "indépendante"... Le Monde Diplomatique? Charlie Hebdo?Libération? Libé est souvent qualifié de presse communiste. Forcément, quand on ose regarder plus loin que le profit et que l'on ne marche pas dans le droit chemin, on est communiste... même mon père, chef d'entreprise, m'a traité de communiste un soir!
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article