Le Rapido.

Publié le par Fraid

Voilà le genre de choses qui me donne l’envie de choper un fusil de chasse. 
 
 
 
Source : L'Express du 09/05/2005.
 
Les possédés du Rapido, par Henri Haget et Julien Félix.
 
 
«  Lancée en 1999, cette loterie de comptoir connaît un succès unique en France: plus de 2 milliards de chiffre d'affaires en 2004, 3,2 millions de joueurs et... quelque 50 000 dépendants! Une addiction très rapide qui inquiète médecins, associations et même la Française des jeux, qui a décidé de diminuer le montant des enjeux.
 
Il n'y a pas si longtemps, le petit monde interlope des joueurs de Rapido semblait faire partie du paysage. On les croisait le matin, à l'heure du café crème, on les retrouvait le soir, au moment de l'apéro. Souvent les mêmes, à la même place. On les prenait pour de vulgaires adeptes du Loto qui cochent une grille avant le boulot, une autre à la sortie des bureaux. On avait tout faux. Début mars, dans la plus grande discrétion, la Française des jeux a décidé, pour la première fois de son histoire, de brider la mécanique de l'un de ses jeux. La mise maximale par bulletin a été ramenée de 4 000 à 1 000 euros et le nombre de tirages auquel peut donner droit un seul et même bulletin limité à 50, contre 100 auparavant. Raison du coup de frein: le Rapido, présent dans 8 200 bistrots, peut rendre accro. Et il le prouve. Tous les jours.
 
Accro, oui, comme le tabac, le pinard ou l'héroïne. Ce n'est pas un hasard si c'est à l'hôpital Marmottan, temple parisien de la lutte contre la toxicomanie, que le médecin-chef Marc Valleur accueille, aujourd'hui, les joueurs dépendants. «Ils nous appellent. On leur dit: ici c'est le crack, la coke, l'héro. Ils répondent: OK, c'est bien pour ça qu'on vous contacte.» Selon le psychiatre, rien ne ressemble plus à un cocaïnomane qu'un damné du Rapido. «A l'inverse du parieur de Loto ou de la Loterie nationale, qui, jadis, rêvait de cocotiers en attendant son tirage hebdomadaire, le joueur de Rapido est en quête d'un flash d'adrénaline, d'une sensation forte et instantanée.»
 
[…]
 
Depuis deux mois, Jean-Charles, 53 ans, ancien directeur commercial au chômage, s'est mis au footing. Il court le matin et le soir. Jusqu'à épuisement. Pour ne plus penser au Rapido. Pour oublier qu'après deux ans de descente aux enfers - licenciement, séparation, ardoises auprès des banques et des copains - il a fini par voler un carnet de chèques à sa vieille maman. «Là, quand même, ça m'a fait peur.» Il lui est arrivé de dépenser la totalité de son allocation Assedic en quarante-huit heures, voire de perdre 1 700 euros en une matinée. «J'étais comme envoûté par le rythme hypnotique des tirages, englouti tout entier dans cette satanée télé.» Aujourd'hui, Jean-Charles vit chez sa mère, qui lui a pardonné. Il voudrait se soigner. Aller chez un psy. Mais il doit éponger 30 000 euros de dettes. Alors, il court. Pour rattraper sa vie.
 
[…]
 
Pour le reste, si le Rapido est régi par le hasard, la dépendance qu'il suscite n'a rien d'un coup du sort. La répétition mécanique des tirages, la convivialité plus ou moins sincère des patrons de bistrot, qui encaissent, au passage, 5% de la recette, et le phénomène d'alcoolisation de la clientèle composent une potion détonante. Lors de leur première consultation, Marc Valleur demande à ses patients de noter sur un carnet, chaque jour, combien ils jouent, combien ils perdent, et ce qu'ils boivent. La réponse est quasi immuable: «Mais je ne bois pas!» Le résultat, lui aussi, est imparable. A la cinquième bière, le stylo et les bonnes résolutions vacillent. Difficile de garder sa lucidité quand on passe trois heures d'affilée devant un comptoir. »
 
Fin de l’article.
 
 
Le Rapido est absolument ignoble. Un jeu ?? Comment les types de la Française des jeux ne se sont pas encore pendus? Ils batissent une stratégie marketing destinée à profiter de la crédulité et de la détresse des gens en s’appuyant sur l’alcoolisation (l’alcoolisme ?).
 
La crédulité, parceque les joueurs sont séduits par la formule "1 chance sur 5,5 de gagner", alors que c'est la ruine assurée. (Pour voir un calcul des probabilités de gagner : http://www.inrialpes.fr/sel/articles/rapido/rapido.html).
 
La détresse, parce que les accros du Rapido ont souvent des revenus modestes, et savent que la seule forece de leur travail ne leur permettra pas de réussir à monter dans la hiérarchie sociale ou de consommer tout ce qu’on leur fait miroiter… alros qu’ils suffit à certains de brailler deux semaines à la télé dans les reality show pour être starifiés et se faire un max d’oseille facile.
 
Ils s'appuient sur l'alcool pour retirer le dernier barrage à l'abandon total au jeu : l'esprit. Les hommes de marketing y ont réfléchi. L’engrenage est implacable : tu joues, tu perds, tu bois, tu joues, tu perds, tu bois, tu joues, tu perds, tu bois, tu PERDS. La Française des jeux GAGNE. Moi, ça me fait vomir ce genre de truc.
 
Comme si c'était pas suffisant : la Française des jeux se fait 2 milliards d'Euros sur le dos de pauvres gens, ok, mais le pire c'est que c'est une société d’économie mixte. Cela veut dire que la Fraçaise est contrôlée en partie par l'état, qu’une partie de ses recettes va directement à l’état... LE RAPIDO, C'EST L'ETAT !!
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